Gaumont Les Halles : La dernière séance
suivi de : Paysage après la bataille
![]() Le cinéma la semaine de son ouverture (ci-dessus) et la semaine de sa fermeture (ci-dessous). ![]() Le complexe avait failli trouver un repreneur, mais cela ne se fera pas. C'est la première fermeture de salles sur Paris depuis fin 95, avec la fermeture du Publicis Saint Germain, et des cinq plus petites salles de l'UGC Biarritz. Ces deux cinémas avaient été les victimes de la vente de leurs immeubles. Quelques mois plus tard, ce fut enfin la triste fermeture de la grande salle du Biarritz, devenue entre-temps Majestic Biarritz, car le public n'avait pas suivi.
Les six salles du Gaumont Les Halles ouvrirent leurs portes à l'automne 1979. Elles offraient une capacité totale de 1300 fauteuils. A l'affiche à l'ouverture, les salles proposaient respectivement "Courage Fuyons" (dans la grande salle), "Apocalypse Now" (en vf!), "Le Toubib", "La Luna", "Le Malin" et "Le Champion". Dans le hall, les traditionnelles barres de séparation des files d'attente, affectueusement surnommées "le bowling" par les exploitants. Dès le début, on a proposé des séances de midi, à tarif réduit; ces séances n'ont été que rarement abandonnées. La fermeture du soir fut avancée un temps pour des problèmes de sécurité. Manie un peu énervante du moment, l'ouverture de la caisse au dernier moment; il en aura même été question dans "Le masque et la plume" sur France-Inter.
J'avoue m'y être rendu les premières fois dans l'espoir de voir "LA GRANDE SALLE", mais j'ai dû me rendre à l'évidence, il n'y avait pas de grande salle. Toutes les salles appartenaient à la catégorie moyenne, et les écrans mesuraient de 6 à 7 mètres de base. Les largeurs étaient presque identiques.
La salle 1 était très particulière. Elle se trouvait à gauche, juste après la caisse. La salle était disposée tout en longueur. On y accédait en montant trois marches, qui permettaient d'offrir une très légère pente à la salle. Les derniers rangs étaient situés sous la cabine de projection. Les premiers rangs remontaient vers l'écran, qui avait dû être réhaussé; pour cette raison, la grande salle avait l'honneur d'être équipée d'un des plus petits écrans du complexe! Cette salle était beaucoup trop longue, il aurait fallu sacrifier au moins une dizaine de rangées de fauteuils. Au dernier rang, la projection tenait beaucoup de l'écran de télévision. Je me rappelle en particulier de 1941, qui souffrait du petit écran.
Les autres salles étaient nettement plus agréables, surtout pour la fin des années soixante-dix. Les rangées de siège étaient parfois disposées en pente légère vers l'écran. Toutes les salles, sauf la 3 et la 6, possédaient un rideau d'écran, qui s'ouvrait sur le côté pour des problèmes d'espace. Des barres d'écrans délimitaient l'image. Sur les murs, des tissus écossais (toujours là après 19 ans). L'éclairage était assuré par des tubes fluorescents, qui claquaient quand ils se rallumaient après les pubs.
![]() Le cinéma a connu quelques changements pendant sa vie. Les files d'attente ont disparu, la caisse a perdu son hygiaphone et s'est avancée vers l'entrée, rendant le lieu plus convivial. Les salles 1 et 3 ont été équipées du son Dolby, puis toutes les autres. La salle 1 fut équipée d'un impressionnant caisson de basses Bose. Elle fut aussi dotée du son SDDS, mais il ne fut malheureusement exploité que quelques fois.
Dès l'ouverture, la programmation fut plutôt originale, avec une combinaison d'art-et-essai vo et de grands films populaires. Le cinéma se tourna un temps vers la vf, avant de retourner vers la vo. Les films à grand spectacles (comme 1941 et Alien) furent abandonnés à l'ouverture du Forum Horizon. D'ailleurs, une tentative de doublon pour "Manon des Sources" ne fut guère favorable au Gaumont. On continua à programmer des "petits" films à un public d'habitués, ainsi que quelques très gros morceaux tels que "Le Grand Bleu", "Léon", ou plus récemment "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux".
![]() Dernièrement, suite à la transformation du Forum Horizon en UGC Ciné Cité Les Halles de 15 salles, puis son agrandissement à 19 salles, provoqua une chute dramatique des entrées (de 550 000 à 320 000 en sept ans), malgré le succès continu des séances de 11 heures à 25 francs, le tarif le plus bas de Paris, et Gaumont décida la fermeture définitive du complexe.
Anecdote: le premier film que j'ai vu au Gaumont, c'est "Les Charlots en délire", lors de sa deuxième semaine d'existence. Pas vraiment un chef-d'oeuvre, mais bon, j'étais moins exigeant dans mes choix à cette époque. Et vous, quel fut votre premier film là-bas, et quel sera votre plus beau souvenir?
Un grand merci à Jean-Paul Théry et Delphine (Gaumont) pour leur soutien, et à Jean-Louis Garnier et tout le personnel pour son accueil très sympathique.
Paysage après la bataille
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