![]() Londres - Le West End![]()
Plutôt que d'attendre que soit achevée la préparation d'un trop hypothétique dossier Londres assez énorme, j'ai préféré y aller par petites touches... Nous commencerons donc par découvrir le fameux West End, puis le centre de Londres, nettement plus vaste, et enfin le Grand Londres, ou Greater London, de la taille de notre Ile-de-France.
La partie West End sera elle-même divisée en trois parties:
1. Les géants encore ouverts
Le West End est pour beaucoup de visiteurs le véritable centre de Londres. On y trouve notamment les principaux théâtres, ainsi que les derniers cinémas palaces de la ville, ou plutôt, comme nous allons le voir, ce qu'il en reste; c'est en quelque sorte un mélange des Champs-Elysées et des Grands Boulevards d'antan. Le West End, c'est l'une des raisons pour laquelle je me suis mis à fréquenter Londres avec assiduité. On y trouvait en effet un nombre de grandes et très grandes salles très conséquent. De quoi satisfaire le cinéphile que j'étais qui ne se pardonnait toujours pas de n'avoir pas connu les anciennes grandes salles uniques parisiennes. Le Paramount, le Wepler ou autre Marignan m'étaient bêtement passés sous le nez, j'allais me rattraper et me venger avec les Odeon ou autre Empire!!! Plusieurs choses surprendront le visiteur cinéphile, comme elles m'ont surpris. Tout d'abord, le prix des places, étonnament élevé (comptez la plupart du temps une centaine de francs, ou une quinzaines d'euros en fonction de la monnaie à laquelle vous êtes habités, pour une place. Ce qui ne vous garantira pas une salle immense, d'ailleurs, car la mode est à présent aux mini-salles luxueuses (une quarantaine de sièges confortables, et un écran digne de nos complexes des années soixante-dix...) D'autre part, vous devrez souvent choisir dès la caisse votre fauteuil; c'est pratique car ça permet d'arriver au dernier moment; mais c'est hasardeux de devoir choisir sa place quand on ne connaît ni la taille de l'écran, ni sa distance par rapport au premier rang; enfin, ce que j'en dis...
Odeon Leicester Square![]() A tout seigneur, tout honneur, nous débuterons ce tour d'horizon par le fameux Leicester Square Theatre, trônant sur la place du même nom, et devenu le dernier des géants. Ce bâtiment à l'immense façade de granit noir avec sa tour de près plus de trente mètres de haut, inauguré en 1937, ne peut être manqué; il comprend toujours sa salle d'origine de 2000 places, à laquelle ont été adjointes cinq mini§salles. Ce cinéma est le principal site des premières royales ou princières, et c'est aussi le porte-drapeau du circuit Odeon.
La décoration de la salle a été refaite récemment pour être plus conforme à ses origines (les fameux sièges "léopard"...) La salle propose un écran courbe de dix-huit mètres de base environ, orienté vers le haut puisque le projecteur se trouve tèrs en hauteur, tout au bout du balcon. L'atmosphère de ce palace est particulièrement remarque. Je l'ai découvert avec la projection 70mm de "Chorus Line", il y a un certain temps déjà... Magie encore, mais seulement pour quelques privilégiés, l'orgue, trop rarement utilisé. Je vous assure que son élévation depuis la fosse de l'orchestre est un moment inoubliable (voir les photos ci-dessous, grâce à une soirée organisée par nos amis de CTA).
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L'avenir d'une telle salle de prestige semble tout tracé. Pourtant, des bruits courent depuis un certain temps, selon lesquels la salle serait divisée en multisalle; on s'abstiendra ici de tout commentaire...
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Empire![]() Autre palais du cinéma situé à Leicester Square, l'Empire était un cinéma maginfique inauguré en 1928; il offrait alors plus de 3000 places. Le bâtiment fut complètement évidé en 1961, et en 1962, un nouveau cinéma ouvrit ses portes au second niveau, alors qu'un dancing ouvrait au rez-de-chaussée. Le nouvel Empire était nettement moins impressionnant que l'Empire première version, mais avec 1300 places réparties entre un orchestre et une corbeille et son écran de vingt mètres de base, c'est l'une des salles modernes que je préfère.
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Warner West End / Vue West End![]() ![]() Le Warner ouvrit ses portes en 1938. Cette grande salle unique offrait 1800 places, ainsi qu'une façade remarquable, toujours visible aujourd'hui, mais quelque peu gâchée par les panneaux publicitaires.
![]() Le Warner West End tel que je l'ai découvert en 1982, tout excité à l'idée de voir Mad Max 2! En 1970, le Warner West End fut divisé en deux salles, dont une belle grande salle en amphithéâtre du style UGC Normandie de 900 places à l'emplacement du balcon. La salle du bas fut elle redivisée en deux par la suite, alors que deux salles supplémentaires furent ajoutées, pour donner le Warner West End période complexe de cinq salles en 1981. En 1994, un multiplexe de neuf salles fut inauguré à l'emplacement de l'ancien complexe; tout a été transformé, et hormis la façade, rien ne semble avoir été conservé du cinéma original. Courant 2005, le cinéma fut rebaptisé Vue West End; à cette occasion, le panneau lumineux indiquant les programmes fut à son tour recouvert de panneaux publicitaires.
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La visite continue avec les étages supérieurs; au premier étage, on trouve un grand foyer aménagé en bar:
En conclusion, les deux grandes salles sont très correctes, mais on regrette l'absence d'un grand volume (et d'un écran géant) comme l'était la salle 2 de l'ancien complexe Warner...
Odeon West End![]() Aucune photo d'intérieur malheureusement pour le quatrième et dernier des géants de Leicester Square. Anciennement Leicester Square Theatre, la grande salle unique à balcon ouvrit en 1930. J'y ai notamment revu Silverado en 70mm, très impressionné par cette grande salle, son écran géant et ses 1400 fauteuils; problème, lorsqu'il n'y avait pas beaucoup de public, l'orchestre était fermé, et on se retrouvait alors au balcon (soit à des kilomètres de l'écran pour votre serviteur!) Fin des années 80, le cinéma fut rebaptisé "Odeon West End", et peu après une dalle fut coulée dans le prolongement du balcon, divisant tristement la salle en deux nouvelles salles de capacités très correctes (800 et 500 fauteuils), mais sans charme...
A noter la belle façade, gâchée par les ajouts de métal tellement typiques des années 70.
UGC Haymarket![]() A l'origine, le Carlton, un théâtre, ouvrit en 1928. Peu après, il fut transformé en cinéma. On est en deça des capacités des quatre palaces précédents, mais la belle salle avec balcon peut néanmoins accueillir 1100 spectateurs. Devenu Classic Haymarket, le cinéma sera divisé en trois salles à la fin des années soixante-dix, la plus grande occupant au premier étage le volume de l'ancien balcon moins la scène (récupérée par des bureaux), alors que deux salles ouvrirent au rez-de-chaussée, à l'emplacement de l'orchestre. Depuis, le complexe a subi les aléas des changements de noms successifs du circuit, devenant le Cannon Haymarket, le MGM Haymarket, le Virgin Haymarket, puis l'UGC Haymarket, avant un probable nouveau nom, UGC semblant se retirer du Royaume-Uni. Dès l'arrivée, on ne peut qu'être impressionné par la façade du cinéma; celle-ci aurait pourtant besoin d'une petite restauration (ravalement et supression du caisson, maintenant utilisé comme panneau publicitaire, au hasard...)
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Il est difficile de parier sur l'avenir de l'UGC Haymarket. Il y a peu, des bruits de fermeture se faisaient de plus en plus persistants; mais il semble que les propriétaires envisagent la transformation du cinéma en multiplexe de centre-ville (achevant au passage de retirer son âme à ce beau site). Dernière minute: le circuit UGC Royaume-Uni a été racheté, et le cinéma a en conséquence été rebaptisé "Cineworld Haymarket"; soit six noms différents en vingt-ans!
UGC Shaftesbury Avenue (Trocadero)![]() ![]() Complexe de sept salles ouvert en 1991 au niveau supérieur d'un centre commercial construit dans un ensemble de bâtiments historiques réunis pour l'occasion; c'est un cinéma de sept salles de capacités de petites à moyennes (respectivement et à quelques sièges près 150, 540, 150, 150, 120, 90, 140 pour un total de 1375). A l'origine, le cinéma devait être un complexe de capacité importante pour un nombre de salles réduit (quatre salles pour 1900 places), construit par les canadiens de Cineplex Odeon; le projet fut repris et modifié par Cannon, pour ouvrir sous l'enseigne de MGM suite au fiasco de Cannon (ce fut le sort de tous les cinémas Cannon), puis être repris successivement par Virgin (d'où la moquette violette du hall), UGC (d'où l'habillage gris-triste des salles et les fauteuils à dos de bois tellement typiques, et courant 2005 Cineworld. A noter qu'on y projeta même un film en 70mm: Lethal Weapon 3, en 1992 (ref: in70mm.com) Les salles sont généralement agréables, et en bon état, mais on est malheureusement loin des écrans géants; en revanche, on est également loin des mini-écrans grotesques de quatre mètres de base typiques des salles britanniques des années 70. La visite...
![]() ![]() ![]() Salle 1 - 150 places
Apollo West End![]() Pas encore visité, l'Apollo West End est le dernier exemple en date des ces mini-complexes haut de gamme. Ouvert récemment, et construit dans le sous-sol de l'ancien Plaza, il propose cinq salles de 170, 130, 90, 60 et 40 places.
Ouvert en 1969 sous le nom de Cinecenta 1-2-3-4, c'est un autre complexe de quatre salles presque identiques de 140 places chacune, assez agréables, en légère pente, mais les écrans sont nettement trop petits à mon goût. Après plusieurs changements de noms (en raison là aussi de la montée en puissance puis de la chute de Cannon), le complexe a été repris par Odeon.
A deux pas des grosses machines projetées sur Leicester Square, ce petit complexe d'art-et-essai de quatre salles d'une centaine de places chacune ouvrit en 1970 dans le Swiss Centre. Repris par Odeon, il est aujourd'hui menacé par une possible démolition du bâtiment.
Encore un cinéma aux changements de noms multiples. Ouvert en 1981 sous le nom de Classic Tottenham Court Road, il propose trois salles dont la plus grande est assez plaisante de par sa disposition en amphithéâtre, avec sa capacité de 300 places et son écran de huit mètres de base, tandis que les deux plus petites salles offraient 150 places environ.
Deux cinémas se trouvant en vis-à-vis à l'entrée de Soho, ouverts presque en même temps, et qui avaient le même propriétaire. Le Soho, à l'origine Oscar 1, puis Focus 1, était une salle de 200 places, qui se tourna un temps vers le porno avant de devenir une discothèque. L'Astral, à l'origine, Oscar 2 & 3, puis Focus 2 et 3; deux salles de 150 places, ayant chacune une caisse différente (?), dont la programmation se tourna elle aussi vers le porno; remplacé par une librairie gay.
Un des vrais grands palaces de Londres. Le Plaza était une grande salle magnifique de 1900 places réparties entre l'orchestre et deux balcons. Il fut divisé en deux en 1968. En 1977, la plus grande salle (située à l'emplacement de l'ancien orchestre) fut de nouveau divisée, en trois, et la salle la plus petite devint alors la plus grande salle du nouveau complexe de quatre écrans, une salle très agréable et de bon niveau avec 700 places et un écran d'une quinzaine de mètres protégé d'un beau rideau transparent, tandis que les salles plus petites offraient 380 fauteuils pour la 2 (agréable elle aussi) et 160 et 180 places pour les 3 et 4 (jamais vues).
Malheureusement, le Plaza ferma définitivement en 2001; seule la façade du bâtiment fut conservée (de toute beauté, d'ailleurs, mais là n'est pas la question). Depuis 2004, le rez-de-chaussée du bâtiment est occupé par... un supermarché Tesco (quelle honte!) Un mini-complexe de cinq salles, l'Apollo West End, dont les tarifs sont parmi les plus élevés de la ville, a été construit dans le sous-sol du bâtiment.
L'Odeon Haymarket est fermé depuis plusieurs années maintenant. Son avenir semble très flou, même s'il est certain que ce ne sera jamais plus un cinéma.
Il ferma définitivement en 1982. Il fut mis fin à des années d'incertitude et d'espoirs quant à la réouverture du lieu en 2002 à l'ouverture du Hard Rock Casino, qui a gardé le volume et quelques décorations de l'ancienne salle. A noter qu'il est facile de passer devant la façade sans y prêter grande attention, le regard étant attiré par les néons rajoutés, mais une fois que l'on a repéré les traces de l'ancien cinéma, il est difficile d'éloigner le regard.
Quelques photos sur le site du Hard Rock Casino
Durée de vie plutôt courte pour ce cinéma d'art-et-essai qui ouvrit en 1985 sous le nom de Metro avant d'être rebaptisé de son nom définitif. Intégré au bâtiment du Trocadero, même si l'entrée se trouvait sur Rupert St, une rue adjacente, il comprenait deux salles, une petite de 100 places et une plus grande de 200 places en amphi. Suite semble-t-il à une augmentation de loyer, le cinéma ferma en novembre 2004.
On l'a gardé pour la fin: c'est peut-être la plus belle façade encore visible; le bâtiment paraît immense, mais la capacité du London Pavilion, sans être ridicule, n'était pas si énorme: 1200 places sur deux niveaux. Le bâtiment date de 1885, mais la salle de cinéma ouvrit en 1934, pour fermer en 19981. On espérait que le lieu deviendrait un théâtre, mais le pire s'est produit: le bâtiment a été évidé pour devenir l'un des deux éléments du Trocadero; un cinéma de quatre salles dont deux de cinq cents places aurait dû être construit, mais Madame Tusseaud s'installa, alors qu'un cinéma de sept salles était créé dans l'autre élément du complexe de loisirs. Une fin d'article avec de belles photos, donc, mais une histoire pas franchement drôle...
Crédits et remerciements:
- Difficile de parler des cinémas du West End sans mentionner "la bible", "London's West End Cinemas", de Allen Eyles & Keith Skone. Le premier livre sur les cinémas que j'aie jamais acheté. Excellent, passionnant, très bien illustré (uniquement en noir-et-blanc). Plus très facile à trouver, mais parfois disponible dans des libraires de cinéma, alors, ne le laissez pas passer!
- Tim Hamlyn de UGC England, Elvish Veeramootoo et le personnel de l'UGC Haymarket
- Adam Murray de Freud communications pour Vue Cinemas, ainsi que le personnel du Vue West End
- Mark and Ray who helped me a lot through my visits
- CTA (The Cinema Theatre Association), for all their work
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