Silver Screens - la passion des salles de cinéma
Plan

Sydney (première partie)

Sydney

Avec un peu de plus de quatre millions d'habitants, Sydney est la ville la plus peuplée de l'Australie, avec presque 20% des habitants de l'île (soit un peu plus que sa ville un temps rivale, Melbourne).

L'immense majorité des visiteurs trouvent la ville très agréable. Les principaux avantages: le climat, la dimension humaine, la sérénité de la plupart des habitants, la baie superbe et l'opéra, et l'océan proche, avec notamment la très belle plage de Bondi.

La taille du centre-ville est donc raisonnable. Cohabitent des immeubles bas anciens et des gratte-ciel à la new-yorkaise. Certaines des tours sont audacieuses, mais au coeur de la ville, la plupart des anciens bâtiments, enlevant, à mon avis, une partie de son âme à la ville. D'ailleurs, on voit toujours des immeubles anciens se vider en vue de destructions, même si la crise économique devrait ralentir le phénomène.

Sydney

A noter que le réseau de transports en commun est très mal foutu; pour circuler en ville, on a le choix entre une ligne de tramway qui ne dessert pas grand chose à part le casino, un monorail qui dessert encore moins, des lignes de bus plutôt complexes et sans plan global (bonne chance pour trouver votre direction!), et une ligne de train qui relie quelques points d'intérêt (le moyen le plus rapide pour se rendre du centre à la baie).

Côté cinémas, beaucoup de choses à dire:

 - le coeur cinématographique, avec la plupart des palaces, souvent côte à côte, se trouvait au milieu de George Street; tous ont disparu, ne restent que quelques coquilles parfois spectaculaires mais tristes. Le plus beau de tous, le Regent (2.200 places), a lui été rasé, a fait place à un bête espace resté vacant pendant huit ans, avant qu'une tour ne soit construite à son emplacement.
 - Deux palaces, de grande taille, ont survécu en tout et pour tout: le Capitol et le State; tous deux ont été brillamment conservés mais sont utilisés en tant que théâtres.
 - L'Australie est dominée par trois grands circuits nationaux: Greater Union, Hoyts et Village Roadshow, mais ce dernier est absent de l'agglomération de Sydney.
 - L'art et essai est présent et représenté par deux circuits: Dendy Cinemas et Palaces Cinemas. Les deux circuits sont situés dans des quartiers différents mais ont la même programmation, limitant le nombre de films disponibles.
 - L'Australie fut le premier pays à construire des multiplexes, souvent de bon niveau, en masse.

 - Phénomène récent, que je n'ai retrouvé que dans quelques pays: l'arrivée de salle dites "première classe"; capacités réduites (40 à 50 places en gradins dans une salle qui pourrait en contenir 150 dans des conditions normales d'exploitation, et fauteuils géants à réglages électriques, tout cela pour un tarif majoré.  - Un paragraphe peut-être un peu lourd à digérer maintenant: les cinémas australiens ont connu une évolution originale. Le schéma français consistait en de grandes salles, plus tard divisées en complexes comprenant une salle plutôt grande (généralement l'ancien balcon ou l'ancien orchestre), une ou deux moyennes et plusieurs petites; dans le même temps, on construisait dans les centres commerciaux des complexes du même type; puis la dernière étape, la construction de multiples. En Australie, les palaces ont été rasés ou transformés en théâtre dans les années 70-80; on a alors construit des complexes modernes, les précurseurs de nos multiplexes: un nombre de salles raisonnables (quatre à sept), et des capacités impressionnantes (grandes salles aux capacités de 700 à 1.200 places, petites salles de 200 à 300 places). Aujourd'hui, ces complexes disparaissent petit à petit tandis que l'on construit des multiplexes.

Les deux palaces survivants

Ironie de l'histoire: dans les années 70, avec l'évolution de la fréquentation (comme partout, concurrence de la télévision et déplacement des populations en banlieue), il est devenu évident que certains palaces devraient fermés; ceux dont le sort semblait scellé étaient le Capitol et le State, tandis que le doute subsistait pour les autres; depuis, ce sont ces derniers qui ont disparu, tous sans exception, tandis que Capitol et State sont toujours là!

Le Capitol Theatre

Capitol Theatre, Sydney Capitol Theatre, Sydney

Ouvert en 1928 dans un ancien marché datant de 1892, ce cinéma proposait la bagatelle de 2.999 fauteuils. Il possédait un orgue Wurlitzer.

Capitol Theatre, Sydney Capitol Theatre, Sydney
Il s'agit encore aujourd'hui d'une très belle salle atmosphérique de type Eberson (2.100 places entre orchestre et balcon). La salle fut exploitée par Greater Union en tant que cinéma jusqu'en 1972. Le lieu fut menacé de démolitin pendant de nombreuses années. Aujourd'hui, il est principalement utilisé pour des comédies musicales; la salle est très agréable, mais à mon avis trop vaste pour des spectacles live (contrairement aux théâtres traditionnels de Broadway, les derniers rangs sont situés très loin de la scène).

Capitol Theatre, Sydney Capitol Theatre, Sydney
Capitol Theatre, Sydney Capitol Theatre, Sydney
Capitol Theatre, Sydney Capitol Theatre, Sydney
Capitol Theatre, Sydney

State Theatre

State Theatre, Sydney State Theatre, Sydney
Deuxième et dernier palace survivant de la ville. J'adore son enseigne rouge! Par contre, je regrette beaucoup l'étroitesse de la rue qui limite la prise de photos (grand angle et distorsions obligatoires!)

State Theatre, Sydney State Theatre, Sydney
La salle ouvrit en 1929. Elle possédait près de 2.600 fauteuils sur trois niveaux. Elle est toujours superbe aujourd'hui.

Pendant les années 70, ce cinéma fut lui aussi menacé de fermeture. Il est devenu un théâtre.

State Theatre, Sydney State Theatre, Sydney
State Theatre, Sydney State Theatre, Sydney
State Theatre, Sydney State Theatre, Sydney
State Theatre, Sydney State Theatre, Sydney
State Theatre, Sydney State Theatre, Sydney

Parfois, une association de passionnés de 70mm organise des projections dans ce format des rois. Mais l'un d'eux m'a avoué, à demi-mots, que la configuration de la salle ne permettait qu'une image de huit mètres de base, ce qui est bien peu pour une salle aussi grande...

State Theatre, Sydney

La coquille vide de George Street

Juste en face du multiplexe, voici ce qui reste de tous les palaces de George Street!

Le Plaza Theatre

Ce cinéma de 1500 places sur un seul niveau ouvrit ses portes en 1930, pour fermer définitivement en 1977. Avant lui se trouvait un autre cinéma datant de la fin du 19e siècle. En 1954, il devint le seul Cinerama de Sydney.

L'auditorium fut repris par Planet Hollywood, qui oublia bêtement que les décorations intérieures étaient classées et les laissa détruire... Le hall d'entrée, devenu lui un Mc Donald's, a en revanche gardé tout son cachet et vaut largement le coup d'oeil (ci-dessous).

Depuis, de nombreux restaurants Planet Hollywood ont connu le déclin, et celui-ci n'a pas échappé à la fermeture; il est depuis devenu le "Star Bar". Tout ça pour ça...

"Le" multiplexe du centre-ville

Greater Union George Street

Dans la zone de George Street où tous les palaces s'aggloméraient, il ne reste en tout et pour tout qu'un cinéma; un multiplexe, mais quel multiplexe!

Né de la fusion de deux complexes adjacents, ce cinéma offrait en 2006 5.784 fauteuils, pour un total de 17 salles; aujourd'hui, après les dernières transformations, le nombre de salles a été ramené à 16 (tandis que le nbombre de fauteuils était probablement légèrement réduit lui aussi). Il s'agit du cinéma le plus fréquenté du pays.

Greater Union George Street, Sydney Greater Union George Street, Sydney

A l'origine de cet énorme bâtiment se trouvaient deux cinémas adjacents, dont le "Paramount" de 1.140 fauteuils sur un seul niveau (rasés tous les deux), et d'un dance hall.

A droite du "bloc", Hoyts ouvrit en 1976 un complexe moderne de sept salles, la plus petite salle offrant 350 places et les deux plus grandes 950 (chacune!!!)
Beaucoup plus tard, en 1985, Greater Union ouvrit à gauche du bloc un complexe nettement plus moderne de quatre salles (pas de chiffres précis, mais il y avait au rez-de-chaussée deux salles moyennes de trois cents places environ, et au premier deux grandes de 500 à 700 places à vue de nez); les deux grandes salles ont conservé leur architecture générale.

Les deux complexes furent réunis après des travaux de transformation: caisse unique côté Hoyts (à droite donc); abattage de murs entre les deux complexes (en tenant compte de différences de niveaux à étages équivalents!); division de certaines salles côté Hoyts (difficile de savoir exactement lesquelles, sauf dans le cas évident d'une salle du bas divisée en deux dans le sens de la longueur avec tout ce que ça implique: écrans trop étroits pour le scope par rapport à la profondeur des salles, projecteurs excentrés, beurk!)

Lors de la jonction, un nouvel acteur interviendra, et le cinema deviendra un Greater Union-Hoyts-Village Roadshow de dix-sept salles. Le multiplexe est donc géré par les trois plus grands circuits du pays. Un peu comme si on ouvrait un multiplexe Gaumont-Pathé-UGC-CGR en France... Mais Village Roadshow se désengagera, laissant Greater Union et Hoyts en charge.

Greater Union George Street, Sydney Greater Union George Street, Sydney

Ci-dessus, avant le désengagement de Hoyts, on pouvait voir leur enseigne sur la partie droite de la façade; aujourd'hui, la peinture peine à recouvrir les traces de cette enseigne.
A l'extrême droite, on peut voir à un an d'intervalle le début de la construction de la tour qui allait remplacer l'ancien Hoyts Regent.

Greater Union George Street, Sydney Greater Union George Street, Sydney

Le hall d'entrée Greater Union/Hoyts (gauche) et Greater Union seul (droite)

Une chose à savoir aussi: la plus agréable des salles, et la mieux conservée aussi, n'est pas la plus grande: il s'agit de l'ancienne grande salle du côté Greater Union (alors que les salles côté Hoyts font un peu plus vieillottes).

Le complexe fait un peu usé. Les salles, même de grande capacité pour certaines, sont fatiguées. C'est là que Hoyts part à sa tour, et le cinéma devient alors le Greater Union George Street (mais on peut encore distinguer clairement le logo de Hoyts sur la photo ci-dessus à droite).

Selon certains bruits, Hoyts ne ferait que peu d'investissements sur ses sites, ce qui expliquerait l'état du multiplexe. Dès le départ de Hoyts, Greater Union entreprend la rénovation partielle du lieu ainsi que des modifications:
 - Les deux grandes salles côté Greater Union (anciennes 7 et 8) deviennent des salles G-Max (écrans courbes censés faire 20m de base; vrai pour la plus grande des deux, mais on est peut-être plus près des 18 pour la seconde). A la faveur d'un changement radical de numérotation, elles deviennent les G-Max 1 (la plus petite) et 2 (la plus grande; logique! Ou pas...) En même temps, les espaces pour les jambes sont devenus franchement généreux. La G-Max 1, avec 300 places, est très agréable; la G-Max 2 (500 fauteuils) est un régal...

Les autres salles du 1er étage et du rez-de-chaussée ne subissent que des changements plus ou moins modérés, à l'exception de la malheureuse salle 6 qui se voit divisée dans le sens de la longueur. Au second niveau par contre, on pouvait accéder par deux accès différents à sept salles pas très grandes, mais correctes et gradinées; il en reste deux, tandis que l'on a créé quatre salles "Gold Class" (ou première classe) et un salon-bar-restaurant dévolu dans le volume d'une partie du hall et des cinq autres salles (anciennes salles 14 à 18).

Le nombre de salles a donc été ramené de dix-sept à seize, et la capacité totale a été réduite d'environ trois cents places.

Oh, et pour compliquer le tout, la numérotation des salles, qui semblait assez aléatoire, a été totalement modifiée; il est très difficile de s'y retrouver, mais c'est quand même plus simple maintenant: aux premiers et deuxième étage, on trouve les G-Max 1 et 2, les salles 3 à 6 (anciennement 9 à 12), et les Gold Class 1 à 4; au rez-de-chaussée, on trouve les salles 7 à 12, qui ont en commun de n'offrir que peu d'intérêt (anciennes salles 1 à 6, avec de plus ou moins grosses modifications).

Prêts pour la visite, après toutes ces explications? Alors, en route!


Après le contrôle, on a le choix entre rester aux petites salles du rez-de-chaussée ou monter au premier par l'escalator ou l'escalier.

Les salles du bas


L'ancienne salle 1, aujourd'hui 8


Située en face de la 1, presque exactement symétrique, la 2, aujourd'hui 9


L'ancienne salle 3


L'ancienne salle 4


L'ancienne salle 5, tristement divisée en 2 dans le sens de la longeur depuis (nouvelles salles 11 et 12, à oublier)


L'ancienne salle 6, très quelconque; pas trop sûr de son destin, à celle-là...

Les salles du haut


A droite, l'espace qui a fait place au salon "Gold Class"


Ci-dessus, le grand hall avant (gauche) et après la transformation (droite)



L'ancienne salle 7, pas la plus grande mais la meilleure avant sa transformation en l'excellente salle G-Max 2




Idem en un peu plus petit: l'ancienne salle 8, transformée en G-Max 1


L'ancienne salle 9, aujourd'hui salle 3



L'ancienne salle 10, devenue 4; la plus capacitive, à défaut d'être la plus belle


L'ancienne salle 11, devenue 5, sorte de pendant de la 9/3



L'ancienne salle 12, aujourd'hui 6


L'ancienne salle 14, aujourd'hui 7 (sous réserves)

Les salles suivantes semblent avoir été transformées en salles Gold Class:


L'ancienne salle 15


L'ancienne salle 16


L'ancienne salle 17


L'ancienne salle 18

Les nouvelles salles Gold Class

Quatre salles moyennes traditionnelles ont fait place au concept "Gold Class"; il s'agit de salles de type "première classe", avec salon séparé, bar et restauration à la place, immenses sièges électriques; chaque salle propose entre 40 et 50 fauteuils. On retrouve ce concept dans d'autres pays tels que les USA ou la Thaïlande. A ne pas confondre avec le concept "la Premiere" proposé par les cinémas Hoyts, où les spectateurs se retrouvent dans une luxueuse corbeille au fond de la salle normale (amateurs de premiers rangs passez votre chemin).

Personnellement, j'ai bien aimé les projections sur des écrans d'une dizaine de mètres au ratio 1.85, même si ça me paraît moyennement adapté pour les films à grand spectacle. Aucun chahut ne vient troubler les séances, alors que le complexe a une réputation "remuante" pendant les week-ends. Dans le cas d'une salle pleine, on peut toutefois être légèrement gênés par le va-et-vient, même discret, des serveurs. D'autre part, l'accueil est très courtois, mais vise visiblement à vous pousser à la consommation (on a tendance à vous faire attendre à une table face à un menu jusqu'au dernier moment...) Vopici trois des quatres salles:


Et pour finir, la principale cabine de projection:

A noter que pendant longtemps, l'équipement, témoignage de l'histoire de ce complexe, était hétéroclite (pas d'infos récentes à ce sujet).

Le Greater Union Pitt Centre

Tout près du multiplexe, sur la rue commerçante de Pitt Street, un complexe date de la même époque (il ouvrit en 1976). La façade de béton est typique des complexes australiens de cette époque. Quatre à six salles, inoccupées depuis 1999. Seul le hall est utilisé par un magasin de friperies. Impossible de rentrer dans les salles, dont on imagine facilement que la grande salle devait proposer environ 800 fauteils. J'aime bien passer devant cette façade, mais combien de temps tiendra-t-elle?...

L'Academy Twin

A l'origine, le West's Olympia Theatre ouvrit en 1911; il proposait 2500 fauteuils sur deux niveaux. En 1972, il ferma ses portes et un petit complexe de deux salles fut construit au niveau bas du bâtiment; plus grave, l'entrée quitta l'angle majestueux pour se retrouver, beaucoup plus discrètement, au centre du bâtiment.

Intégré au circuit Palace Cinemas, il est le plus beau cinéma d'art et essai de Sydney (même s'il se trouve réellement à Paddington, dans les faubourgs de Sydney). Il propose deux salles moyennes, le 500 Cinema et le 300 Cinema (devinez les capacités respectives!), situées dos à dos et partageant la même cabine. Le hall est vaste, j'aime beaucoup l'utilisation du béton (un peu dans le même style que la partie récente de notre forum des Halles).




Ci-dessus, le hall sous toutes ses coutures


Ci-dessus, le 300 Cinema (à gauche du bâtiment)



Ci-dessus, le 500 Cinema (à droite du bâtiment)


Ci-dessus, la cabine de projection

Et pour finir la première mouture de ce dossier:

L'Imax

Il s'agit d'une très belle salle et d'un superbe écran, paraît-il le plus beau du monde. Peut-être la seule salle au monde où l'écran m'impressionne réellement. Quand j'y ai vu The Dark Knight en Imax, je me suis dit que les heureux spectateurs des vrais grands écrans Cinerama avaient dû éprouver un bonheur similaire!

A noter qu'il s'agit d'un Imax dernière génération (salle extrêmement gradinée, bâtiment plus ou moins en forme d'oeil, ce qui doit permettre de réduire la surface au sol et donc le coût).




 

A suivre...

 

Remerciements:Ken Roe, Ian Hanson, Gerry Kennedy et Aaron Stroop, ainsi que CTA (Cineme Theatre Association), et tous les personnels qui ont bien voulu nous recevoir et nous faciliter la tâche!

 

Cindy m'a quitté le 17 avril 2009. Je lui dédie ce dossier, notamment parce qu'elle supportait toujours mes absences lors de mes voyages, et m'accueillait toujours avec grand plaisir à mon retour.

Tu me manques énormément, Cindy!

 

 

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