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Le Kinopanorama - Evolutions techniques 1980-90 - Chptre 16

 
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LenKinap



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MessagePosté le: Mar 13 Sep 2005 10:08    Sujet du message: Le Kinopanorama - Evolutions techniques 1980-90 - Chptre 16 Répondre en citant

"Les évolutions techniques des années 80-90"



Pour celles et ceux que la technique ennuie, j'ai choisi de modifier le chapitre et de séparer les évolutions techniques des années 80-90 de l'exploitation. Nous reviendrons à la chronologie sous peu, mais l'évolution technique est donc mise à part. Dans le double (ou triple) chapitre sur la « Kinomania », qui viendra terminer cette saga, un simple mot de rappel technique sera mis dans la programmation pour fixer les dates.


1 - La projection.


Serge Marie en 1982 en cabine
Les DP-70 sont encore inactifs et montés avec une lanterne soviétique !

Depuis 1962, Le Kinopanorama tourne avec le même matériel image. Une paire de projecteurs Cinemeccanica Victoria X (ou V 10) équipés pour le 35 et le 70mm avec l'ensemble des formats sonores de l'époque (optique, magnétique 35 et 70mm). L'éclairage est confié à des lanternes à arc charbon Cinemeccanica Super Zenith 450. Si l'ensemble est cohérent et de bonne qualité, les projecteurs ne sont plus de première jeunesse, ont "descendu" pas mal de 70mm et sont connus pour être peu efficients avec un éclairage au xénon*. Les arcs charbons sont, dans les années 80, sur le déclin et ne peuvent permettre l'utilisation d'un plateau. Un personnage (et ami dont nous reparlerons bientôt !) arrive en 1982 d'un cinéma qui va ou vient de fermer, le Maine Rive-Gauche: il s'agit de Serge Marie. Il fréquentait la cabine du Kinopanorama depuis des années et P. Pinton songeait à trouver un nouvel assistant, M. Chomis étant très proche de la retraite. Il engage donc Serge Marie comme assistant de direction et ce dernier négocie le rachat d'une partie matériel technique du Maine Rive-Gauche, à savoir deux projecteurs "état concours" Philips DP-70 (N° 1905 et 1907). Ces appareils vont être achetés, transférés du Maine au Kinopanorama sans lanterne et rester en cabine quelques mois, jusqu'à ce que P.Pinton décide de retirer les V10 et passer aux DP-70 sur Xénon. Sur des conseils "avisés", il pense que la lumière sera quand même plus intense qu'avec les V-10. Et puis au xénon, l'obturateur du DP-70 fonctionne bien alors que les V-10 donnent un filage significatif. Vu le prix payé, l'affaire est bonne ! Ces "nouveaux" chronos sont équipés de lanternes Strong modèle X-60D, alimentées par des redresseurs IREM. Au départ, on utilise des lampes de 4 KW; c'est trop juste. Faute d'avoir une bonne extraction d'air, le 7K ne sera possible que plus tard et le Kinopanorama vivra de nombreux claquages intempestifs avant le terme prévisible. Il était fréquent d'avoir des problèmes au bout de 200 ou 400H d’utilisation et la lampe partait en reprise sous garantie ! Quand l'extraction sera réparée, le 7K passera sans problème majeur et l'écran retrouvera une luminosité correcte. Pour faciliter la vie du personnel de remplacement (Loïc Ledez faisant beaucoup de festivals) et palier à des départs (celui de Bruno et d'autres), le Kinopanorama s'équipera au milieu des années 80 d'un triple plateau bi-format 35/70 mm de marque Balco. Un engin assez peu tendre avec les copies, soit dit en passant. La salle conservera jusqu'aux travaux Gaumont de 1992 la possibilité d'utiliser la cabine:

    - à partir des plateaux,
    - en double poste.



Le plateau Balco et les DP-70 1907 et 1905


2 - Le son.

a - Le Dolby CP-200 et amplification Stanford

Avec quelques adaptations, le son reste globalement ce qu'il était en 1959. C'est un son de très haute qualité, mais le système requiert un suivi très exigeant, un vrai savoir-faire et a un coût d'entretien très élevé (un tube 807 est garanti moins de 700 H par l’usine électronique Ulyanov, 500 H pour une redresseuse 5U4 G chez Svetlana). Il a aussi beaucoup souffert du manque d'entretien pendant la période UGC/UFIDEX. Quand le passage au Dolby est envisagé, dés 1980, le problème du changement d'amplificateurs se trouve lui aussi posé. Comment retrouver la même qualité sonore avec un système transistorisé ? On recherche en sonorisation et des essais sont faits, en Hi-Fi pro (Mc-Intosh, comme l'avait fait R. Bassi au Broadway, Akai). Un choix est retenu; il s'agit d'un matériel franco-belge, de chez Televic: Le Stanford A2000. Chaque bloc contient deux amplis séparés de 60W et ma fois ne sonne pas si mal, sans être au top. On réserve quand même la possibilité de re-basculer sur les amplis à tubes, mais un manque rapide de composants va arriver, la perte du "know-how" aidant fera que cette commutation sera que rarement utilisée. Le processeur Dolby choisi est le CP-200, avec le pré-ampli MPU-1 et les annexes. Tout cet équipement sera monté sur un rack semi-mobile situé dans la cabine centrale, du côté gauche (face à l'écran). Le filtrage actif est assuré par des filtres Electro-Voice type EV-1. Pour les HP, on ne change rien car le système reste très performant et ne sonne pas trop mal avec les Stanford. A l'arrivée d'un jeune opérateur américain, Greg Faris, le système à tubes sera remis un peu à niveau, mais je ne pense pas qu'il ait re-fonctionné beaucoup en exploitation cinéma (même si la publicité le dit). J’ai souvenir qu’il servait parfois à la musique d’ambiance! Le CP 200 évoluera avec l’adaptation de cartes SR quand ce format sera disponible.




Le rack Standford et le processeur CP-200 en 1982


b - Le STS.

Dans le milieu des années 1980, le THX débarque à Paris et les Stanford font pâle figure. Un génial concepteur français a développé un système très novateur pour l'époque. Il s'agit de Pierre Vincent et de sa société Ténor. Il conçoit un système de diffusion asservi (c.a.d. que l'amplification se fait DANS les enceintes), à multi-amplification active et à son orienté (dit omnidirectionnel): le STS. On présente souvent à tord ce système comme un concurrent du THX, rien n'est plus faux ! Ce n'est qu'un système modulaire et modulable d'amplification et rien d'autre. Au Kinopanorama, seules les voies d'écran recevront le STS, tout en conservant les enceintes soviétiques: celle du centre sera levée par un palan pour laisser la place à celles du STS. Les voies d’ambiances restent confiées aux Stanford avec les enceintes Kinap 30A-14 du système soviétique de 1957 (59 à Paris), enfin coupées à 800 Hz par des filtres Electro-Voice EV1. Le STS apportera un gain qualitatif énorme sur les Stanford et était un très bon système. La seule parenté que l'on puisse donner avec le THX est qu'une étude acoustique poussée devait être faite avant de choisir les modules à utiliser dans la salle.



Pierre Vincent en cabine - le père du STS


Principe du STS


Couverture du livret publicitaire STS


Deux modèles d'enceintes du système STS

La cabine subit à cette époque son ultime transformation; tout le son se trouve regroupé au niveau des anciens racks soviétiques. On démonte l'armoire de contrôle et de commutation 40K-14 pour y placer le CP-200, les Stanford des ambiances, les filtres actifs et les annexes du STS. Deux racks d'amplificateurs soviétiques sont retirés et probablement ferraillés, le rack des servitudes et des autotransformateurs 15M-34 expulsé pour boucher un trou. Même si c'est repeint et que l'on écrit "amplis à lampes" pour faire joli, il semble sur les photographies manquer des tubes et d'autres éléments. On peut regretter le pillage de ce magnifique système, comme celui les derniers projecteurs de Kinopanorama par diverses personnes à titre de collection ou de curiosité. Il était tout à fait possible encore au début des années 80 de travailler "à temps perdu" sur le système, le remettre à niveau avec soin et le garder pour des films dont le son demande ce type de matériel. Mais voilà, si un fusible claquait (ces fusibles sont au standard russe!), on soudait un bout de fil de cuivre et c'était fatalement un composant à protéger qui explosait, dont les transformateurs ! On accuse souvent Gaumont d'avoir massacré la cabine et la salle, pour moi la responsabilité est parfois ailleurs ! Mais on ne réécrit pas l'histoire...



Vue du Kinopanorama sans son écran
Les grosses enceintes sont les appareils soviétiques
Les groupes sont le système STS


Dernière configuration sonore de la cabine


c - Le CDS.

L'opérateur Greg Faris a quitté le Kinopanorama et a monté sa société de distribution de matériel. D'abord dans le ShowScan, avec la salle pilote de l'UGC Ermitage remarquablement réalisée mais passant des films d'une banalité affligeante, puis ailleurs. Il lance Cinemotion pour assurer la distribution de ce qui devrait être la révolution sonore des années 90: le CDS développé par Kodak et ORC. Si le son numérique sera bien une révolution, le CDS ne fera qu'un très bref passage en exploitation. Développé en 35 et en 70mm ce qui est très bien, il ne sera exploité, en public, au Kinopanorama qu'en 35mm. A cette occasion, la cabine subit son dernier aménagement technique. Le processeur CDS 1000 est placé à l'endroit où l'on avait temporairement placé le bloc des servitudes et des alimentations 15M-34. C'est un gros engin, si on le compare aux appareils actuels. Il chauffe aussi beaucoup et a une fiabilité disons aléatoire… Le système CDS a un très gros défaut, c’est qu’il prive les copies d’une piste analogique de repli en cas d’erreur de lecture. Donc si le son numérique tombe, c’est silence radio ! Un seul projecteur du Kinopanorama sera équipé du lecteur CDS ; il s’agit de celui de gauche (1905). Pendant une projection des « Doors », une lampe au xénon de 7 KW explosera. Les dégâts matériels ne seront pas en apparence énormes, mais il s’avèrera beaucoup plus tard que le projecteur a quand même bien souffert et sera changé par Gaumont en 1992. La copie aussi d’ailleurs et les perforations sont endommagées. Le temps de les réparer, une copie Dolby SR sera utilisée quelques jours en remplacement total ou partiel de l’unique copie 35mm CDS disponible.




Lecteur et Processeur CDS-1000 - 1991


3 - Conclusion technique sur le Kinopanorama.

« Une publicité des années 1980 » disait « Le Kinopanorama, la salle célèbre pour sa technique ». Comme je l’ai écrit, Pierre Pinton n’était pas un cinéphile, mais avant tout un amoureux du son et de la technique. Il a subit les premières années la gestion de la DIC et a récupéré un système pictural et sonore unique en Europe. Au prix d’un entretien rigoureux, le système sonore KZVT-5 de chez Kinap était remarquable et d’une finesse absolue. Certains amplis totalisent plus de 100 000 H de fonctionnement et au moins deux exemplaires sont encore en état de marche. L’image triple écran reste un cas unique d’utilisation de matériel soviétique panoramique en Europe de l’ouest et ces appareils étaient fort bien étudiés. A l’arrivée du 70mm Soviétique, le choix du matériel ne peut être critiqué et a donné satisfaction. En presque huit années de cabine, les V-10 ne m’ont planté qu’une fois, à cause d’un faux contact sur un fusible ! Les DP-70 sont ce qu’ils sont et après quelques adaptations ont été fidèles à leur réputation. L’utilisation d’un plateau reste pour moi très sujet à caution en salle unique et en 70mm magnétique, mais c’était la mode !

R. Bassi est allé dans le bon sens en remettant à niveau la partie technique et de façon pertinente. Puis la fameuse « Kinomania » s’est faite en grande partie avec du matériel qui était, pour la partie sonore au moins, peu digne de la salle. Il restait quand même largement supérieur à ce que l’on rencontrait ailleurs, mais c’est paradoxal... Quand des exploitants sérieux se sont penchés sur le son, la réponse du Kinopanorama a été le STS. C’est toujours pour moi un choix remarquable, mais P. Pinton n’est pas allé au bout de sa logique et a un peu « plombé » le système en laissant les énormes enceintes soviétiques en place et en ne traitant pas les ambiances. Le CDS a été un feu de paille, mais qui ne tente rien n'a rien ! Gaumont a hérité en 1991 d’un système bâtard, trop complexe et fait de bric et de broc. Même si ce n’est pas historiquement pertinent, le nettoyage par le vide de 1992 et la mise en place d’un système moderne (QSC + JBL) était indispensable. Son utilisation ultérieure en laboratoire d’ d’essais pour les formats sonores numériques (DD/DTS/SDDS) a achevé vocation de salle « célèbre pour sa technique »



Ce qu'il reste d'une lampe xénon de 7 KW après explosion !


A bientôt pour les années "Kinomania", de « The Rose » à « The Doors » et la fin de l’époque Pinton.


Crédits Photographiques: Association Triple Ecran, sauf indication contraire DR - Reproduction interdite


* Un essai sera fait avec des lanternes Prevost et sera catastrophique.
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