Jean Noel Grosmenil Invité
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Posté le: Ven 25 Jan 2002 11:11 Sujet du message: ¨[A lire] - Le Film Francais - Exploitation |
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Sur le Film Français Edition du 25 janvier 2002, article d'Anthony Bobeau
http:\www.lefilmfrançais.com
et
http://www.lefilmfrancais.com/250102/evenement_01.htm
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Champs-Élysées, le cinéma perd sa plus belle avenue
Jadis pôle cinématographique majeur, l’avenue la plus célèbre du monde est soumise à une pression financière qui pousse les cinémas à partir. Une tendance confirmée par la récente fermeture de l’UGC Champs-Élysées qui vient s’ajouter à une liste déjà trop longue.
Avenue du cinéma, les Champs-Élysées ne seraient plus que l’ombre d’elle-même. L’année 2002 y a en effet commencé de manière sinistre pour le cinéma avec la fermeture pour travaux des deux salles du Publicis Élysées et la fermeture définitive de la salle unique de l’UGC Champs-Élysées qui viennent s’ajouter à la longue liste de fermetures intervenues depuis quelques années.
L’UGC Champs-Élysées a tiré sa révérence le 15 janvier après la dernière séance du Peuple migrateur. Sa disparition n’est pas une surprise puisque le cinéma demeurait depuis des mois la seule entreprise encore en activité dans l’immeuble. Cette salle unique entrée dans le giron UGC au début des années 80, proposait 450 places et possédait le label Prestige qu’UGC réservait auparavant à ses plus belles salles. Et même si l’UGC Champs-Élysées paraissait quelque peu vieillot, son statut de salle unique lui conférait une petite gloire, celle d’être un site prisé par les distributeurs pour des sorties qu’ils jugeaient hautement qualitatives. Récemment, American Beauty ou Billy Elliot avaient tenu le haut de l’affiche pendant des semaines, car un film qui rencontrait le succès à l’UGC Champs-Élysées était garanti d’y rester pour une longue période. Le Gaumont Champs-Élysées ayant fermé le 31 décembre 99, les salles uniques ont maintenant disparu de l’avenue. Difficilement rentabilisables dans un marché parisien de plus en plus concurrentiel, elles ne peuvent rivaliser avec l’offre des multiplexes (la rumeur laisse d’ailleurs entendre une éventuelle fermeture du Gaumont Kinopanorama).
Près de l’Arc de Triomphe, le Publicis Élysées a fermé le 30 décembre 2001… pour travaux. Tributaire du lifting du drugstore Publicis adjacent, il devrait rouvrir courant 2003. Ce complexe de deux salles de 500 et 280 places projetait essentiellement des continuations des autres salles Gaumont de l’avenue et quelques nouveautés, le plus souvent de petite envergure. EuroPalaces est actuellement en pourparlers pour une éventuelle reprise de l’exploitation du complexe lors de sa réouverture.
En tout état de cause, les Champs-Élysées comptent aujourd’hui trois salles de moins. Vrai pôle cinématographique qui proposait voici 20 ans trois fois plus de cinémas et deux fois plus d’écrans, l’avenue la plus célèbre du monde dispose aujourd’hui de sept complexes, soit 38 salles. Si elle demeure le quartier de cinéma le plus fréquenté de Paris (4,2 millions d’entrées en 99 soit 15,7% de la fréquentation parisienne et 4,1 millions en 2000 soit 14,3% des entrées de la capitale), elle perd de son attrait au profit de nouveaux pôles comme Montparnasse, Les Halles et Bercy qui bénéficient de la dynamique des multiplexes. La réduction du nombre d’écrans et donc de la diversité des films proposés devrait accentuer le mouvement. La disparition des salles est essentiellement due, en ce qui concerne les fermetures les plus récentes, à la pression financière qui sévit sur l’avenue.
Les propriétaires des murs où étaient, ou sont encore, installés des cinémas préfèrent aujourd’hui louer leurs surfaces à des enseignes commerciales qui sont prêtes à payer le prix fort pour s’offrir une vitrine sur les Champs-Élysées. Le Mercury est ainsi devenu Le Queen, l’UGC Marbeuf le restaurant Man Ray, le Lord Byron un Quick, l’UGC Ermitage un Séphora, le Gaumont Colisée un Pier Import puis un magasin Zara, l’UGC Biarritz un hall d’exposition Toyota, L’Élysées Biarritz et un restaurant brésilien, le Monte-Carlo la librairie du Virgin Megastore, le Paris le siège de la Thaï et le Gaumont Champs-Élysées un magasin Benetton. Hugues Borgia, directeur général d’UGC Ciné Cité, confirme que “les propriétaires ont peu d’intérêt à avoir un cinéma dans leurs murs, qui ne peut pas payer des gros loyers comme le peuvent des enseignes comme Gap ou H & M”. La fermeture de l’UGC Champs-Élysées est d’ailleurs due à un non-renouvellement de bail. “Le propriétaire essayait depuis des années de récupérer ses locaux dans le cadre de la restructuration de l’immeuble”, précise Hugues Borgia.
Et d’annoncer que le propriétaire de l’immeuble où se trouvent les quatre salles de l’UGC Triomphe souhaiterait augmenter le loyer à un niveau que le cinéma ne pourrait certainement pas supporter. Pour Hugues Borgia, “le maintien d’une activité cinématographique conséquente sur les Champs-Élysées passe par une intervention des pouvoirs publics”. Exploitant l’un des deux complexes indépendants des Champs, le Balzac, Jean-Jacques Schpoliansky constate également l’offensive d’entreprises qui “ont les moyens de pouvoir payer des loyers plus importants que nous qui occupons de surcroît d’énormes volumes”. Alors qu’une étude sur l’immeuble où il est installé est actuellement menée par des experts, il affirme qu’il mettra tout en œuvre pour rester où il est. Défenseur actif d’un cinéma convivial et festif, il rappelle que “les salles de cinéma représentent une affluence de public qui profite aux autres commerces, notamment aux restaurants”.
À l’heure où l’autre pôle cinématographique mondialement connu, Hollywood Boulevard à Los Angeles, renaît avec les ouvertures d’une cinémathèque et d’un centre de loisirs qui accueillent des salles de cinéma et les prochains Oscars, les Champs-Élysées perdent de leur prestige culturel et ressemblent de plus en plus à une vaste galerie marchande où le cinéma représente une portion congrue des activités.
Bilan du nombre de salles sur leChamps Elysées
LES CINÉMAS DES CHAMPS
Année NbCinémasNb écrans
1946 17 17
1955 18 18
1965 18 18
1975 26 46
1985 20 63
1995 11 43
2002 7 38
© Anthony Bobeau, le Film Français Edition du 25 janvier 2002
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Je souhaite faire un commentaire personnel. Dans cet article, bilan sinistre s'il en est, il est surtout évoqué les problèmes de loyers inflationiste dans des périodes de renouvellement de bail. C'est l'une des composante de cette désertification, pas la seule à mon avis. Il y a des salles qui sont plus faciles ET plus rentables que d'autres à exploiter, donc qui répondent aux critères de gestionnaires des Groupes (les fameux objectifs) Ce n'est pas le bail qui jouera pour la fermeture du Kinopanorama, Gaumont étant propriétaire des murs !
J'ignore ce qu'il en est sur le statut du Max-Linder:
- propriétaire
- locataire (avec quel type de bail)...
.... et si les éventuels racheteurs se sont vraiment avancés (avec des sous !).
Mais il est certain qu'une salle unique, si prestigieuse soit-elle (Kino, Max etc...), dans le contexte actuel n'atteindra jamais les fameux "objectifs" des gestionnaires. C'est un peu la "danseuse " d'un circuit et quand il y a doublon, on se sépare du plus vieux ou du moins adapté.
Autre remarque: Hugues Borgia (UGC) indique: "le maintien d’une activité cinématographique conséquente sur les Champs-Élysées passe par une intervention des pouvoirs publics". Ben voyons ... Libéral dans la gestion et étatiste quand on veut de l'aide !
Je pense qu'il nous servira la même sauce quand d'autres salles seront fermées dans des lieux différents de Paris. Ce n'est pas le rôle de l'Etat, hors un classement pour valeur historique, d'intervenir dans des affaire de "boutiquiers !
Il y a des structures qui existent, dont la Mission pour le Cinema à Paris qui DOIT jouer un rôle IMPORTANT pour le maintient d'activités cinématographiques dans TOUS les quartiers, assurant à la fois présence et diversité de l'activité cinématographique à Paris.
Elle vient juste d'être mise en place, mais n'en prend pas le chemin !
Les salles uniques n'existeront plus dans peu de temps sur Paris, c'est une logique commerciale, mais un gros regrêt cinématographique.
PS: Au fait, le Kino était à vendre depuis trois ans et demi et peu d'investisseurs cinématographiques se sont manifestés (2 groupes à ma connaissance, dont l'un très composite était un collectif). Tout le monde a déclaré forfait dans le monde actuel de la distribution et de l'exploitation. Le Kino est juste équilibré, cad qu'il ne perd pas d'argent, mais il n'en gagne pas beaucoup non plus !
Ce n'était pas Léon Gaumont qui disait: "le cinéma est une industrie, un art accessoirement"
That's all folks
Jean-Noël |
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