Star Wars en numérique (Bruxelles)

[Silver Screens]

Profitant d'un petit séjour dans le Nord, j'ai poussé jusqu'à Bruxelles. Eh oui, les cinéphiles parisiens l'oublient trop souvent, mais certains événements, non disponibles chez nous, se trouvent à seulement quelques heures de Paris (exemple: Titanic en 70mm, à Londres et à Bruxelles). Le Kinepolis a assez peu changé depuis ma première visite, il paraît presque banal. Mais les salles et les écrans sont toujours immenses (et la place pour les jambes est presque infinie, de quoi faire rêver les habitués de l'UGC Bercy...)

Star Wars est présenté au choix en version française, version néerlandaise, version originale (sous-titres bilingues), et surtout en numérique (version originale avec sous-titres français). C'est bien sûr pour la version numérique que je me suis déplacé. Le film est projeté dans la salle 13 sur un écran d'une vingtaine de mètres, et je me suis installé au cinquième rang. Le projecteur DLP est relativement excentré, mais ça ne paraît pas gênant. Après les pubs, petite interruption, et le projecteur numérique démarre. Petite inquiétude dès les deux bandes-annonces de film américains (en vo sans sous-titres), les lignes verticales (mêmes si elles sont fines) sont visibles sur toutes les images claires et unies. Logo THX, logo Lucasfilms, début du film lui-même, c'est pareil, je vois les lignes verticales. Je suis parfois pris par l'action du film (d'autant que le résultat est bon quand il y a du mouvement), mais dès que j'examine l'image, je revois les lignes. A la fin du film, je monte à l'arrière de la salle; de là, pendant le défilement du générique, les défauts paraissent moins visibles, mais l'image semble quand même manquer un peu de piqué.

Au bout du compte, je suis content d'avoir pu assister à cette projection numérique (ma curiosité a été assouvie), mais j'ai le sentiment d'avoir assisté à une sous-projection (de la vidéo de très bonne qualité, mais de la vidéo quand même). Vivement les progrès techniques!

[dominique]

Je comptais me rendre à Bruxelles demain, mais ta critique m'a refroidi (la distance aussi peut-être...). J'ai donc été voir episode 2 dans la grande salle de l'aquaboulevard et donc en numérique. Je me suis assis comme d'habitude vers le 7è 8èm rang, et comme pour les autres films vus en numérique ici, j'ai été agréablement surpris.
C'était le premier film avec de acteurs que je voyais ici, à part les quelque plans de liaison de Fantasia, et encore une fois pour un écran tout de même de bonne taille, c'est pas mal. Ca manque de lumière mais ça vaut pas mal de projections argentique, le scintillement et le manque de stabilité en moins. Pas de trace des lignes dont tu parles à Bruxelles.

[Jean-Philippe]

Monsieur,
Votre témoignage est la confirmation de ce que je pensais.
Ce que l'on appelle le "cinéma numérique" est en fait de la vidéo-projection
numérique.
En effet,je ne vois pas comment on peut parler de cinéma numérique si au
départ le cinéma analogique n'existe pas.
En effet,la cinématographie est littéralement "l'écriture du mouvement".
L'image est visible sur la pellicule:c'est une image argentique.
En conséquence de quoi,cette image issue d'un processus chimique ne
peut en aucun cas être numérisée.
Par contre,la vidéo qui est un processus électronique,a la possibilité d'être
"découpée en morceaux" selon le processus informatique du tout ou rien.
Pour moi, ce sois-disant cinéma numérique est une pure escroquerie.
Malheureusement,ceci fait parti d'un ensemble de processus engagé
depuis 20 ans en vue de faire mourir la cinématographie (16/9ème,
vidéo-projection,dvd,délais de 6 mois pour la mise en boite des films,
"home theatre",TVHD etc).
Les accusés sont l'Etat,les cinéastes et les exploitants qui a force
d'avoir rapetissé leurs salles ont découragé les gens de se déplacer.
On s'obstine a faire combattre deux supports audiovisuels certes
différends mais oh! combien complémentaires.
Cela ressemble fort à la guerre des sexes.
Tant que les professionnels et l'Etat n'auront pas compris cela,
on a beaucoup de soucis à se faire quant à l'avenir de la Cinématographie.

JEAN-PHILIPPE

[dominique]

Je pense que vous mélangez philosophie et technique...
Si il y a des défauts aux projections numériques, procédé encore très jeune qui peut s'améliorer, c'est plutot des choix techniques qui seront faits dont il faut s'inquiéter.
On peut, en théorie du moins, mais à moyen terme certainement obtenir en numérique la qualité du 70mm. Les décideurs de la profession en décideront, malheureusement sans doute, en prenant en compte des critères de coûts, de la matrice finalement adoptée qui donnera la qualité (ou la non-qualité) des projections futures.
Aujourdhui on sait faire des projections argentiques extraordinaires, en IMAX par exemple, mais ce n'est pas le choix de la profession, et l'image argentique peut aussi être mauvaise, en 16mm... Le 35 est un format parfaitement acceptable, et c'est vers cette qualité que devrait tendre la projection numérique.

[Jean-Philippe]

Je ne pense pas que je confonde technique et philosophie car techniquement
la cinématographie numérique n'existe pas.On veut seuleument remplacer progressivement le cinéma par la vidéo;cela est une pure constatation.
Quant au fait que la vidéo puisse surpasser,même dans la pure théorie,,le
70mm,j'en doute fortement.
On veut tout faire à l'économie et pas seulement dans le cinéma.

[Didier]

Mon expérience personnelle en "cinéma numérique" se limite à trois expériences :

D'abord la projection numérique "Gaumont Aquaboulevard" du film "Les Rivières Pourpres", filmé en 35mm format 2,35 (Panavision).

Ensuite la projection en 35mm de "Vidcoq", en format 1,85, filmé en vidéo HD (caméra Sony et optiques Angénieux).

Enfin "Stars Wars, Episode II", en projection numérique au "Gaumont Aquaboulevard", en format 2,35, filmé en vidéo HD (caméra Sony et optiques Panavision).

Dans les deux derniers cas, la finesse d'image laissait sérieusement à désirer, ce qui semblerait démontrer que la video HD est loin d'assurer une qualité équivalente au 35mm pour la prise de vue (déjà que le 35mm, c'est pas terrible quand on a gouté au vrai 70mm...).

Quant au premier cas, "Les Rivières Pourpres", la qualité de projection était acceptable, c'est à dire très proche d'une projection 35mm classique.

Conclusion provisoire : si les exploitants de salles de Cinéma veulent se suicider, il n'y a qu'a généraliser immédiatement les techniques numériques actuelles.

Personnellement, je vais commencer à économiser pour me payer un bon projecteur vidéo...

[Lionel F]

Bonjour,

Je n'ai pas encore eu l'occasion d'assister à une projection en cinéma digital.

Y aurait-il sur ce forum des projectionnistes travaillant dans des salles équipées ? Comme il y a en fait plusieurs techniques pour fournir le "film" (téléchargement par satellite, disques etc...) et donc plusieurs fabricants de serveurs (Avica, EVS etc...). J'aurais voulu avoir des commentaires sur la qualité au niveau de la source.

Merci,
Lionel

[Didier]

La projection numérique reste pour l'instant largement expérimentale. Vu la situation financière difficile de la majorité des exploitants (en particulier aux USA), personne ne se précipite pour s'équiper avec du matériel extrêmement coûteux, et en plus non standarisé.
En France, la seule salle actuellement équipée est la N°1 de l'Aquaboulevard à Paris (Lanterne Christie et projecteur TI). A l'époque de la projection des "Rivières Pourpres", le processeur avait été transporté aux Laboratoires Eclair pour le "chargement" du film. Je ne sais pas si le même processus a été employé pour les utilisations suivantes (telle que "Star Wars Episode 2").
La télédistibution par satellite a été testée aux USA, mais cela reste encore complètement expérimental.

[Gil]

Bonjour,
Je ne suis pas un expert mais je voudrais précisez 2 ou 3 choses.
Sous une forme extrêmement simple voir même simpliste et je m’en excuse par avance.

Le cinéma argentique n'est qu’une dérivée de la photographie argentique.
C’est une succession de 24 images fixes par secondes.

Le cinéma numérique, c’est pareil dans le principe !!!! , ce n’est qu’une succession de 24 images fixes sauvegardées au format numérique.

La différence technique, c’est qu’au lieu de frapper une pellicule, la lumière qui compose chaque image est sauvegardée sur un support numérique par l’intermédiaire d’un capteur.

Le capteur n’est qu’un tableau en deux dimensions formé de x sur y points.
Chaque point mesure la lumière et les 3 couleurs primaires (je schématise beaucoup….).
Ses informations (le niveau de lumière et les trois couleurs) sont enregistrées sur un support informatique.

C’est exactement comme en argentique ou la lumière est les couleurs sont fixées sur chaque images de la pellicule qui défile derrière l’objectif.


En numérique comme en argentique, le cinéma n’est que de la photographie animée.

La différence c’est que le défilement de la bobine et la fixation de la lumière sur chaque image sont effectués par un seul élément électronique: le capteur.

Quelques problèmes techniques :

Le capteur doit comporter un grand nombre de points pour avoir les meilleures définitions possibles.
Tous ses points doivent rentrer dans un format donné.
Il doit travailler rapidement pour pouvoir mesurer et transmettre tous ses point en 1/24 de secondes.
Et si on peux le fabriquer gratuitement, tous le monde sera content (en fait c’est dextrement cher a concevoir et a produire).C’est comme pour les microprocesseur de PC, c’est une usine ou une chaîne de montage pour un capteur (si on en vend des millions ça vas, sinon …..)

Les autres problèmes sont moins importants parce qu’il sont du domaine de l’informatique
« Standard » et vu la vitesse d’évolution et de baisse des prix des matériels…..

Pour conclure ce trop long discours, je dirais deux choses.

La photo numérique à une dizaine d’années et commence seulement à être adopter par les professionnels. Pourquoi ? Parce que les capteurs commencent à devenir performant et de prix raisonnable.

Le cinéma argentique à 100 ans, le numérique moins de 5.
Revoyez un film des frères lumières et comparer avec maintenant.
A+
Gil
P.S : en projection, on retrouve les même choses : une lampe éclaire une matrice transparente qui projette l’image sur l’écran.

[Didier]

Globalement vous avez raison, le gros problème du cinéma numérique c'est la définition. Et pour l'instant les systèmes utilisés offrent une définition inférieure au film 35mm argentique (sans parler évidemment du 70mm !). Autre problème : il n'y a aucun standard.

A noter que le film 35mm a été créé au départ (1890) pour être utilisé dans des visionneuses individuelles (les Kinematoscope de Edison) et non pour être projeté. Malheureusement les Frères Lumières ont repris le même format, trop petit pour assurer une bonne qualité de projection. D'autre formats plus grands offrant une bien meilleure qualité ont été utilisés peu après (comme le Mutoscope), mais finalement le 35mm fut standarisé en 1919, non pas pour ses qualités, mais pour sa rentabilité...

Une précision quand même : les systèmes de projection utilisés pour le cinéma numérique ne fonctionnent pas par transparence, mais par réflection. Il s'agit soit du système "DMD" de Texas Instruments (le plus répandu), soit le système "ILA" de JVC/Hughes (peu utilisé, car moins souple et encore plus cher).
Il existe bien des systèmes de projection par transparence "LCD" mais ils ne supportraient pas la puissance lumineuse requises pour le cinéma numérique, et n'offrent pas non plus un contraste suffisant. Ils ne sont utilisés que pour les vidéo-projecteurs de puissance lumineuse limitée.