UN FRANCAIS A MOSCOU
1 - Genèse du projet
"Deux heures en URSS" a été un immense succès critique et populaire. La découverte par le public français d'une URSS de carte postale et d'un procédé cinématographique spectaculaire (probablement plus que le Cinerama tel qu'il était projeté à l'Empire avant sa transformation) doit donc être poursuivie. Les Soviétiques continuent, tout comme les Américains, à tourner des "travelogues" ou documentaires de voyage pour faire découvrir les richesses de leur pays. Aussi pour vanter les mérites de chaque mode de vie et les valeurs propres des procédés techniques. A ce point, on peut dire que les progrès réalisés par les Américains pour les deux derniers films en Cinerama sont dus au fait qu'ils se sont vus "titillés" par les Russes. Plus tard, l'arrivée de film scénarisés et donc narratifs de la part des Russes fera réaliser de tels films par les Américains. Toujours la guerre froide ! Pour en revenir à ce second programme qu'est "Un Français à Moscou", le titre rend exactement le contenu du film. Tout montre ce qu'un étranger curieux qui, venu pour la première fois en Union Soviétique, veut se familiariser avec la vie de ce pays. En même temps que le héros du film, les spectateurs apprennent bien des choses nouvelles, ils s'étonnent, ils admirent. Le film est un montage de trois films, projetés en entier en URSS, mais montés pour les besoins du programme Français.
- Une heure de voyages surprenants en hélicoptère (Chas Neozkhidannykh Puteshestviy v Polyote na Vertolyote)
- Sur la Place Rouge (Na Krasnodar Ploshchadyu)
- Performances de Cirque (Tsirkovoye Predstavleniye)
Ces films documentaires sont tous tournés par le réalisateur et célèbre documentariste Leonid Kristi [né en 1910] et produits par le Studio Central de Films Documentaires (Moscou), département de MosFilm.
Le public attend de voir un Français à Moscou
a - Une heure de voyages surprenants en hélicoptère
Tourné en 1959, ce film est un voyage aérien réalisé sur une visite par des hélicoptères de l'Aéroflot à différents endroits, de long en large, de la vaste Union Soviétique. Ils serviront pour les plans aériens du programme français et c'est tout !
Techniquement, le film est tourné ainsi:
- Procédé couleur: SovColor (matériel SVEMA),
- Durée: 66 minutes,
- Studios: Studio Central de Films Documentaires (Moscou), département de MosFilm.
- Producteur et réalisateur: Leonid Kristi
- Script - Scénario: Leonid Kristi
- Opérateurs caméra : N Generalov, A. Koloshin
- Ingénieur du son: Kirill Bek-Nazarov
- Musique originale: Revol Bunin, Alexander Lokshin, Andrei Sevastianov
b - Sur la Place Rouge
Comme son titre l'indique, notre touriste visite la Place Rouge et ses divers monuments. Ce film est repris dans le programme dans son intégralité.
Techniquement, le film est tourné avec la même équipe que le premier en 1960:
- Procédé couleur: SovColor (matériel SVEMA),
- Durée: 6 minutes,
- Studios: Studio Central de Films Documentaires (Moscou), département de MosFilm.
- Producteur et réalisateur: Leonid Kristi
- Script - Scénario: Leonid Kristi
- Opérateurs caméra : N Generalov, A. Koloshin
- Ingénieur du son: Kirill Bek-Nazarov
- Musique originale: Revol Bunin, Alexander Lokshin, Andrei Sevastianov
c - Performance de Cirque
La camera, donc le touriste (on est en plan PDV) visite le Cirque d'État de Moscou, réputé mondialement, dans son cirque habituel de la capitale soviétique. Les séquences sont présentées par numéros dont les magiciens, les équilibristes fildeféristes. On note aussi le numéro des ours de V Filatov, V Zapashny et ses animaux sauvages, le dressage de lions de Tamara et d'Aleksander Buslaeva, le cavalier Cosaque Vladimir Daveiko, la famille Volzhansky, Valentina Surkova et le "clown soleil" Oleg Popov, au sommet de son art
Oleg Popov dans les années 60 au Palais des Sports
Oleg Popov en 2004 refait son célèbre numéro du rayon de lumière
Archive: Le grand cirque Russe
Techniquement, le film est tourné avec la même équipe que les premiers, également en 1960:
- Procédé couleur: SovColor (matériel SVEMA),
- Durée: 88 minutes,
- Studios: Studio Central de Films Documentaires (Moscou), département de MosFilm.
- Producteur et réalisateur: Leonid Kristi
- Script - Scénario: Leonid Kristi
- Opérateurs caméra : N Generalov, A. Koloshin
- Ingénieur du son: Kirill Bek-Nazarov
- Musique originale: Revol Bunin, Alexander Lokshin, Andrei Sevastianov
2 - Le lancement et la critique face à "un Français à Moscou"
Tout comme pour "Deux heures en URSS, il faut s'y prendre plusieurs semaines à l'avance pour obtenir des billets. La presse est dans son ensemble bonne, si l'on relit les critiques de l'époque. Le Paris-Jour écrit " Un Français à Moscou est un super-documentaire qui a mis le Kremlin à deux pas du Champs de Mars. On trouve tout dans ce programme, depuis le majestueux Kremlin jusqu'aux monts Altaï. Les spectateurs voient Erevan et Kiev, Leningrad et Samarkand. Tout cela est en relief, riche en couleurs et semble un rêve merveilleux. Les cathédrales de l'Assomption et de l'annonciation avec les peintures d'A. Roublev et leurs magnifiques fresques anciennes; le Palais à facettes où les tsars russes célébraient les victoires remportées sur l'ennemi; les appartements anciens du Tsar; la luxueuse salle Saint-Georges, étincelante de l'éclat du marbre et des lustres; le palais des armures avec ses reliques anciennes d'une immense valeur artistique. Et soudain ... un modeste logement de trois pièces. La musique cesse, le texte du commentateur est sobre e laconique: le spectateur se trouve dans le logement et le cabinet de travail du grand Lénine.". Le Figaro écrit " en faisant une excursion dans la ville, le spectateur arrive au cirque de Moscou. Il voit se dérouler à un rythme intense un spectacle brillant ou la force et l'agilité des acrobates Zapachny rivalisent avec le courage et la ténacité de la dompteuse Tamara Buslaeva, avec la grâce et la maîtrise de la gymnaste Valentina Sourkova et les joyeux trucs "du clown ensoleillé" Oleg Popov, proclamé à l'unanimité meilleur clown du monde. Des bateaux de pêche sur la mer Noire, la récolte du coton à Samarkand, le danses des jeunes Ouzbèques, les courses vertigineuses de motos dans les pays baltes, les danses populaires arméniennes au pied de l'Ararat, Leningrad et ses nuits blanches, on peut voir tout cela dans le nouveau film panoramique. Ce nouveau programme nous offre à suffisance des éléments appréciables ou même précieux. Et ses qualités instructives sont évidentes" Et c'est le Figaro qui écrit ça !!!
Promotion pour les lecteurs de la Vie du Rail en fin d'exploitation du film
Le programme fonctionne bien, mais tiendra moins longtemps que le premier. Ce ne sont quand même 335 487 spectateurs qui auront vu le film à sa première diffusion, près de 380 000 en comptant les reprises et les festivals qui suivirent jusqu'à la fin de 1963.
A bientôt pour "URSS à cœur ouvert", la fin des documentaires totaux.
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